Mon innocence est ma forteresse

Marquis de Montcalm (1712- 1759).

vendredi 19 février 2010

Clarifications

Qui ose gagne ! Pour s'être élevé contre les «gays laws», cette loi britannique contre les discriminations contenant un amendement visant à contraindre l'embauche de personnes homosexuelles ou transsexuelles, le pape Benoît XVI a été traîné dans la boue dans les médias anglais, déjà échauffés par la récente porte ouverte par l'Église catholique aux anglicans en rupture avec le synode de Canterbury, perçue comme une ingérence étrangère. Il n'empêche: la fameuse loi n'a finalement pas été votée. Son amendement a été repoussé par la Chambre des Lords. Commentaire de La Croix:
" (...) dès mai 2009, l’Église catholique de ce pays tirait la sonnette d’alarme, craignant que ce texte ne concerne des postes comme les « personnes travaillant auprès des jeunes dans les paroisses, les membres des équipes de préparation au mariage, les secrétaires de paroisse ». (...) Harriet Harman, le ministre qui est en charge de cette loi, avait affirmé immédiatement qu’elle n’allait probablement pas réintroduire l’article dans la lecture à la Chambre des communes. Vendredi 5 février, elle a confirmé : « Nous pensions qu’il était utile de clarifier la loi et c’est ce que l’amendement proposé voulait faire. L’amendement a été rejeté. Donc, la loi reste telle qu’elle est. » "
C'est un désaveu pour le gouvernement travailliste, qui portait le projet, en surfant sur la vague de revendications politiquement correcte et transgender qui déferle depuis des années sur le Royaume-Uni. Le Saint-Siège peut se féliciter de voir sa capacité de donner de la voix, y compris dans un pays où l'Église catholique est minoritaire. A vrai dire, les opposants de cette loi n'attendaient pas vraiment que le pape vole à leur secours. Ils attendaient plutôt une riposte de la part de l'opposition conservatrice, dont le si distingué David Cameron est le chef de file et candidat pour la General election pressentie en mai 2010. Pour l'aile traditionnelle du parti Tory, c'était même l'occasion de tester la capacité de leur champion à défendre les thèmes de société. Ils n'ont pas été déçu. Créature médiatique, passant bien dans les médias, David Cameron jonglait depuis des mois entre des professions de foi contradictoires à la ligne conservatrice officielle et aux revendications à la mode, le tout en cherchant à s'attirer les grâces du lobby homosexuel britannique, très méfiant à juste titre vis-à-vis d'un ancien défenseur de la législation anti-homosexuelle de Margaret Thatcher. Il a fini par choisir son camp ; dans une interview accordé au magazine gay Attitude, il s'est prononcé en faveur des lois sur la discrimination positive. Pour appuyer son plaidoyer, il a, tout comme Benoît XVI, fait appel à des arguments religieux:

" I think..... [long pause] that if our Lord Jesus was around today he would very much be backing a strong agenda on equality and equal rights, and not judging people on their sexuality. "

Jésus, de retour sur Terre en 2010, voterai Tory ? Petit-neveu d'un évêque, Mr Cameron se présente comme un anglican pratiquant. On peut se demander ce que signifie "pratiquant" dans une Grande-Bretagne où le culte de l'Église d'État rassemble de moins en moins de fidèles. Néanmoins, la politique anglo-saxonne reste imprégnée de références religieuses, qui servent de repères communs. L'hymne officieux de l'Angleterre, Jerusalem, chanté en cœur à Hyde Park chaque réveillon par une foule émue, raconte même une visite inopinée du Christ dans les verts pâturages du Sussex. Alors, utiliser Jésus, même pour bénir les Gay pride, cela semble logique.

Le leader conservateur a raison lorsqu'il souligne que la religion chrétienne ne juge pas les personnes, qu'elle les accueille et qu'elle les aime comme des êtres uniques et indispensables. Mais entre le rappeler et s'en servir comme arme politique, il y a une limite à ne pas franchir.

Le pape défend la loi naturelle. David Cameron veut se faire élire. Chacun est dans son rôle ; tout est plus clair à présent.

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