Mon innocence est ma forteresse

Marquis de Montcalm (1712- 1759).

mardi 26 janvier 2010

Haine de la Hollande

Il est un pays du Nord de l’Europe où les terres se situent au-dessous du niveau de la mer. Où dans notre représentation fleurissent tulipes et ajoncs à l’ombre des vieux moulins. Un royaume longtemps ennemi de la France ; les guerres de Louis XIV et Louis XV auxquelles le Marquis a participé courageusement virent presque toujours ses habitants farouchement protestants combattre aux côtés des anglais. D'Artagnan, mousquetaire dans les armées du roi, y mourut. Ce pays se nomme la Hollande. On y prend des idées et on le présente comme un modèle. Déjà au XVIIe siècle, les huguenots français qui rêvaient de faire de la France une république calviniste selon les principes démocratiques des assemblées réformées citaient le Stathouder Guillaume d’Orange en exemple. Aujourd’hui, il n’est plus question de politique et encore moins de religion (la Hollande est un État majoritairement athée) ; il s’agit de mœurs, et ce sont les mœurs néerlandaises qu’on prend pour exemple. En effet, la Hollande est le premier pays qui a légalisé le mariage homosexuel en 2002, le premier ayant été célébré à Amsterdam par l’actuel bourgmestre Job Cohen, pilier de la gauche libérale. Cette situation suscite les éloges appuyés des médias et des faiseurs de pensée français. Les pays du Nord étant à la mode, on en profite et on vante les mérites de la tolérance hollandaise. « Pourquoi la France n’accepte pas que tous puissent s’aimer librement et se marier comme ils le veulent ? Regardez la Hollande, ça marche très bien » entend-on régulièrement. Ces questions sont légitimes ; pour nos contemporains, la libération des mœurs est devenue le seul critère valable pour définir la modernité. De plus, on refuse que les comportements individuels soient régis et définis par des autorités extérieures au « moi », que ce soit l’Eglise, l’Etat ou la loi. Or, ce qui est bien avec la loi, c’est qu’on peut la changer. La législation hollandaise a autorisé le mariage gay, pourquoi ne pas suivre leur exemple ? Voyez la Suède, voyez le Danemark, voyez la Norvège, voyez la Belgique, voyez le New Hampshire… En Californie, dans le décor idyllique de San Francisco, se déroule une bataille judiciaire capitale : l’annulation du référendum de 2008 qui a interdit les unions homosexuelles dans l’État d’Arnold Schwarzenegger. Si la Cour suprême fédérale se prononce dans le sens des associations LGBT, cette décision sera interprétée comme une avancée vers la légalisation du mariage homosexuel aux États-Unis. Le président Obama est pour, au délice de ses admirateurs européens, prêts à se faire entendre eux aussi.

En France, nous avons le Pacs. Mais qu’importe que ce contrat qu’on signe comme pour acheter une voiture ne concerne presque exclusivement que des personnes hétérosexuelles, certains lobbies gay en veulent plus : ils veulent arracher la reconnaissance sociale du mariage. Derrière se cachent des calculs nettement moins avouables, la destruction de la notion d’engagement conjugal et la négation de la différence homme-femme, entre autres. Après la légalisation du mariage gay, d’autres revendications suivraient, comme l’adoption des enfants par les couples LGBT. En Hollande c’est déjà fait. Et puis, dans une excitation proche de la folie de la Révolution, nos législateurs décideraient d’en finir avec les « préjugés » et se hâteraient, non seulement de redonner à la minorité gay les privilèges d’Ancien régime, mais aussi de faire passer tout ce que pour l’instant l’Assemblée nationale refuse : les mères-porteuses (comme en Hollande), la recherche totale sur les cellules souches (comme en Hollande), l’avortement jusqu’à 22 semaines (comme en Hollande)… et pourquoi pas l’euthanasie ? En Hollande, on s’en doute, cette pratique est légalisée depuis des années. Même l’euthanasie des enfants y est permise, et le consensus social sur ce sujet est total. L'euthanasie fonctionne d'ailleurs tellement bien qu'on assiste à une fuite croissante des seniors en Allemagne, inquiets à l'idée d'être liquidés par un médecin trop zélé dans son humanisme ou par des héritiers impatients. Dans une tribune célèbre publiée dans la presse en 2009, le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkende attribue le « caractère libre et ouvert de la société néerlandaise » à… la théologie de Calvin ! Les générations de prêcheurs qui ont fait la Hollande puritaine des siècles suivant la Réforme auraient apprécié. Aujourd’hui, ce sont les musulmans qui tonnent contre la corruption des mœurs dans les églises vides transformées en mosquées. L’équilibre de plus en plus instable entre la société athée et libérale et l’importante communauté musulmane gagnée par l’islamisme radical provoque d’ailleurs quelques secousses, ce qui fait le succès électoral du blond chef de file de la droite populiste et anti-islam Geert Wilders.

Mais existe-t-il une limite dans le progrès ? Les Hollandais ont encore la réponse : la légalisation de la zoophilie, l’abaissement de la majorité sexuelle à 12 ans et l’autorisation de la pornographie infantile. Ces revendications très sérieuses sont celles d’un parti politique crée en 2007, le Parti pour l’amour fraternel, la liberté et la diversité (PNVD). Vous n’auriez pas pu la boucler, les Bataves ?

1 commentaire:

  1. « A la fin du siècle la grande majorité de ceux qui partiront en retraite dépendra effectivement de la charité des plus jeunes. Et finalement, ce ne sera pas la morale, mais le fait que ce sont des jeunes qui forment la police et l’armée, qui tranchera la question : l’enfermement des vieux incapables de subvenir à leurs besoins dans des camps de concentration pourrait bien être ce qui attend les membres d’une génération dont le revenu futur reposera entièrement sur l’oppression des jeunes ». Hayek, la constitution de la liberté, p 297.


    Edifiant non?

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