Mon innocence est ma forteresse

Marquis de Montcalm (1712- 1759).

dimanche 18 avril 2010

Tous les chemins mènent à Zurich


Tremblez, suppôts du pape ! Pour ce week-end, le grand théologien Hans K. est de retour dans Le Monde, où cet apôtre humaniste nous enseigne la vraie foi et nous exhorte à la prise de conscience salutaire contre les errements de Rome ! Dans un article gigantesque, en page 15, l'ancien professeur de l'université de Tübingen reconverti dans le marketing religieux avec sa fondation Pour une éthique planétaire, se livre à une critique au vitriol contre le pape, coupable selon lui, d'avoir torpillé l'héritage du Concile Vatican II et fait revenir l'Église aux sombres périodes obscurantistes post-conciliaires. Notre vieillard méticuleux énumère les fautes du souverain pontife et tire ses conclusions: il faut convoquer un nouveau Concile. Ciel !

Cette tribune séduira certainement une multitude de personnes, comme les nostalgiques de "l'esprit du Concile", rescapés des seventies, qui regrettent les temps bénis où l'aumônier du séminaire arrivait à la messe en chemise hawaïenne et où des moines célébraient l'Eucharistie avec des biscuits et de la bière, et qui rêvent de femmes pour les prêtres (de prêtres femmes, aussi) et de liturgie "démocratique", avec l'autel au centre, des danses autour et des homélies critiquées par les fidèles, mais aussi les catholiques de bonne volonté et mal informés, qui ne comprennent pas certaines positions de l'Église. Quant aux athées et agnostiques urbains, ils se diront sans doute en lisant ce texte qu'il ne faut pas désespérer de l'Église, qu'il reste une chance de la convertir à l'esprit du siècle... En réalité, ce que beaucoup prendront pour de la modernité n'est rien qu'une accusation sans fondement, mâtinée de vengeance. Hans K. est une ancienne star de la théologie déchue et aigrie qui crache sur l'Église, en prenant de réels problèmes pour prétextes. Non seulement ce texte suinte la rancœur personnelle, mais en plus il s'agit d'une mauvaise foi totale:

"Manqué le rapprochement avec les Églises protestantes"
FAUX, Benoît XVI est allemand, il connaît la Réforme mieux que quiconque dans l'Église et est parfaitement au fait des limites du protestantisme. En pleine crise pédophile, il s'est rendu à l'église luthérienne de Rome pour y prêcher: si ce n'est pas un rapprochement, le Marquis veux bien se faire baptiste. En vérité, ce n'est pas le pape qui s'éloigne des protestants, c'est le protestantisme évangélique propre sur lui des Scandinaves, politiquement correct, pro-mariage gay et tuti quanti qui s'éloigne de la foi chrétienne. C'est d'ailleurs pour cela que 500 000 anglicans ont rejoint le catholicisme après les dérives de leur Église: comme rapprochement, comme œcuménisme (dans le sens "unité des Églises"), on a rarement vu mieux.

"Manqué le dialogue ouvert avec les musulmans : symptomatique a été le discours de Ratisbonne, dans lequel, mal conseillé, le pape a caricaturé l'islam en religion violente et inhumaine"
FAUX, le pape a délivré à Ratisbonne une profonde réflexion sur le rapport de la raison avec la foi: cela valait aussi bien pour l'islam que pour le christianisme. Hélas ses propos ont été tronqué... Mais au fait, que s'est-il passé par la suite ? Des milliers de musulmans du monde entier n'ont-ils pas riposté par la raison et la didactique en brûlant des églises et en égorgeant des chrétiens et des religieuses ? Heureusement, plusieurs autorités musulmanes ont perçu la justesse du propos du pape, qui les amenait à s'interroger sur leur propre religion. En témoigne la lettre de soutien à Benoît XVI signée par 138 sages islamiques.

"il a réintégré dans l'Église des prélats schismatiques notoirement antisémites"
FAUX, Mgr Richard Williamson (puisque c'est lui) n'a pas été réintégré. Il ne peut pas enseigner dans l'Église, il ne peut pas ordonner des prêtres, il ne peut pas donner les sacrements. Le mélange politico-religieux sectaire qui le caractérise, lui et sa Fraternité, n'ont rien à voir avec le Magistère. Il est toujours suspens a divinis: c'est son excommunication qui a été levé, ce qui est très différent.

Hans K. se trompe de combat. Lui qui se bat pour l'éthique, la tolérance et la justice dans l'Église devrait être reconnaissant des formidables efforts menés par Benoît XVI en ces domaines. Le pape est une voix forte contre les inégalités, la pauvreté,les violations des droits de l'homme, le capitalisme débridé, les haines ethniques, culturelles et religieuses... Notre monde, au lieu de lui en savoir gré, le vomit en ne retenant qu'une partie de son discours (la morale sexuelle) ou en suivant bêtement des médias affamés de scandales. Il s'agit d'un malentendu qui dure depuis trop longtemps.
Or, Hans K. est un récidiviste. Dès le début de la vague de scandales sur les abus sexuels dans l'Église, il a doctement proposé (toujours dans Le Monde) de rétablir le mariage des prêtres pour combattre la pédophilie. Un fourvoiement grossier ! Pour lui, le prêtre est donc une bête à sperme qu'il faut traire? Sait-il que la majorité des pédophiles sont des hommes mariés et parfois des pères de famille ?

Ce que Hans K. propose n'est rien de moins que l'adaptation de l'Église à l'ère du temps, devenir socialement conforme et au point sur toutes les normes proposées (ou imposées) par le monde. Comme nous l'avons vu plus haut, cela a déjà été essayé par des clercs et des laïcs zélés qui n'avaient rien compris, mais cela ne leur a pas vraiment réussi
, car une Église aseptisée n'intéresse personne. Le Marquis se souvient de villages perdus au milieu de la campagne française, où la messe du dimanche n'est plus fréquentée que par quelques dames âgées ou des scouts en vadrouille, tandis que les hommes sont au PMU en face, dégoûtés de leur curé vieillissant, qui vit avec une femme et fait monter des enfants sur l'autel: "c'est pas la vraie religion" disent-ils. C'est le syndrome anglican: plus l'Église se fait moderne, plus elle perd des fidèles. En face, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X du respecté mais orgueilleux Mgr Marcel Lefebvre, en puisant dans les vieux tiroirs franco-français de l'Action du même nom, avait le beau rôle en criant à la décadence engendrée par le Concile Vatican II et en montant les fils de bonne famille et les jeunes filles en jupes écossaises et serre-tête contre "l'hérétique" Jean-Paul II (ils ont depuis mis un peu d'eau dans leur vin, le pape leur pardonnera leurs erreurs, mais il faudra qu'ils jettent aux orties leur amalgame idéologique, qui est aussi infâme que la soupe marxiste des prêtres des sixties). Pourtant, rappelle Patrice de Plunkett:
"Rien de ce qui fut fait au nom de « l'esprit du concile », dans les années 1970-1980, ne correspondait aux directives réelles du concile. Le slogan « esprit-du-concile » fut précisément forgé – par des gens comme Küng – pour se substituer aux textes du concile. Ce fut un brigandage... Nous en sortons lentement, pour découvrir le véritable Vatican II grâce à des gens comme Benoît XVI."
Hans K. est obsolète. Quant à convoquer un nouveau Concile, notre homme devrait savoir qu'on ne réunit pas les évêques de l'Église Universelle comme on réunit les actionnaires majoritaires de Microsoft ou les enseignants d'un Kindergarten. Quand on est Küng, on est Küng.

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